La cour Saint-Émilion

photo de la cour Saint-Emilion

La cour Saint-Émilion plus connue sous le nom de Bercy Village est une cour située dans le quartier de Bercy dans le 12e arrondissement de Paris.

La cour Saint-Émilion porte le nom d'un prestigieux vignoble français, Saint-Émilion.

Ce vignoble se situe à l'ouest de la ville de Bordeaux, dans la région du Libournais.

Histoire de Bercy

photo de la cour Saint-Emilion

On trouve mention dans les textes anciens pour la première fois du nom de Bercy ou Bercix au XIIe siècle.

Ce qui correspond au quartier de Bercy qui était autrefois une commune à part entière.

En 1704, le commerce de vins se développe à Bercy grâce à l’intervention de Martin, vigneron de Bourgogne, auprès du roi Louis XIV.

En effet, ce roi autorise l'interruption des levées de taxes, appelée l’octroi, sur les vins distribués à Bercy.

Cette décision va favoriser ce type de commerce et va permettre la création du premier entrepôt de vins en 1662 sur le quai Saint-Bernard.

Histoire de la cour Saint-Émilion

photo de la cour Saint-Emilion

Au XIXe siècle, la cour Saint-Émilion possession du Baron Joseph-Dominique Louis, est considérée comme l’un des plus grands marchés de vins du monde.

Ces entrepôts de la cour attiraient les amateurs de vin, car l’alcool y était dépourvu de taxe.

Cette localisation des entrepôts en dehors de Paris permettait le maintien de cette exonération fiscale.

Mais ce quartier de Paris est aussi connu pour ses auberges, ses guinguettes, ses feux d’artifice, ses fêtes et ses joutes.

Le lieu est alors réputé comme l’un des plus joyeux de Paris.

Cependant, l’année 1860 marque la fin de l’avantage fiscal.

Dans la foulée, le Baron Viollet-le-Duc supervise la construction de vastes halles, « le Petit Bercy » et « le Grand Bercy ».

La chute de Bercy

photo de la cour Saint-Emilion

Le quartier de Bercy que nous connaissons a subi maintes catastrophes.

Des incendies et des crues dont la plus grave a eu lieu en 1910.

Pendant cette année, le fleuve a submergé les entrepôts.

Hormis ces catastrophes naturelles, elle a également connu des tensions économiques.

En 1960, le développement d’une nouvelle forme de commercialisation du vin par la « mise en bouteille au château » va mettre à mal les entrepôts.

Jusqu’alors, à Bercy, les vins transportés en fûts jusqu’aux chais de Bercy se vendent soit en gros (barriques) à des négociants ou sont mis en bouteilles à proximité pour alimenter la vente au détail à des commerçants spécialisés (en bouteille).

Bercy vend un vin de qualité médiocre quasi exclusivement issu d’assemblages de plusieurs provenances. Ce vin ne peut rivaliser avec les vins d’appellation d’Origine contrôlée (AOC) où la culture rattachée au Château est mise en avant comme un gage de qualité.

Cette évolution plonge progressivement le quartier vers l’abandon.

Les habitudes des consommateurs vont dicter les changements du quartier.

Ce sont alors près de 43 hectares intra-muros qui sont délaissés et vont pouvoir faire l’objet d’une réappropriation des urbanistes et autres architectes.

« Bercy la survivante »

photo de la cour Saint-Emilion

Les années 1970 voient la ville de Paris lancer la construction du quartier de Paris-Bercy.

Le Palais Omnisports de Paris-Bercy (aujourd’hui appelé l’AccordHotels Arena) fait partie d’un vaste projet d'aménagement urbain.

La proximité de la gare de Lyon, du RER, du métro, de la voie express rive droite et du boulevard périphérique en fait un secteur privilégié.

Les anciens chais (lieu de la vinification des vins) que l’on trouvait dans les entrepôts de la cour de Saint-Émilion sont détruits, mais les Pavillons de Bercy sont en partie préservés.

Ce quartier économiquement éteint a retrouvé le dynamisme d’un pôle économique et culturel.

Appelé aujourd’hui Bercy-Village, ce lieu poursuit sa vie de quartier à la forte empreinte et histoire commerciale.

Bercy-Village

photo de la cour Saint-Emilion

Bercy-Village l’autre nom de la cour Saint-Émilion, est constitué d’un centre commercial inauguré l’année 2000 et ouvert au grand public en 2002.

Ce centre commercial comprend un multiplexe cinéma UGC ciné cité, des restaurants et une multitude des commerces variés.

Il est ouvert tous les jours de la semaine de 10h à 20h. On y trouve également des animations culturelles et des visites guidées gratuites durant toute l’année.

Quelques anecdotes

photo de la cour Saint-Emilion

A celui qui déambule dans le quartier à la recherche des traces de ce passé dans le commerce du vin, Bercy offre à voir ses anciens rails où circulaient les trains chargés des barriques de vins provenant par exemple du Bordelais.

Quelques bâtiments et une vigne s’offrent encore à la vue dans le Parc de Bercy, alors que le centre commercial Bercy Village s’est construit sur d’anciens chais préservés.

Ainsi, facile de s’imaginer le trafic entre la capitale et la province qui fournit l’essentiel de la production vinicole.

Il ne faut pas perdre de vue que l’activité de négoce et de vente des vins opérait parfois pour des destinations parfois plus lointaines que pour alimenter en alcools la capitale.

En effet, il y avait là, “le plus grand marché de vins et spiritueux au monde” : la Cour Saint-Émilion est constituée de gigantesques entrepôts et de comptoirs de vente de vins et alcools divers.

Des breuvages acheminés par la Seine, située à quelques centaines de mètres, en provenance de l’Yonne, de Haute Bourgogne, puis du Bordelais et même l'Algérie, par train via la gare de Lyon en provenance du Canal du Midi ou des gares méridionales.

Il faut imaginer d’un côté, un balai de 3000 péniches et bateaux en tout genre qui se succèdent sur une année dans le port de Bercy pour livrer des marchandises.

De l’autre côté, ce sont les vas-et-viens des trains de marchandises qui se relaient également. Au coeur de ce trafic, de cette ambiance qualifiée du « Paris de la soif » par certains chroniqueurs et écrivains, les mouvements perpétuels de nombreux ouvriers, de travailleurs en tous genres : les voituriers à cheval, les manutentionnaires qui charrient les barriques vides ou pleines, les tonneliers qui vont entretenir les fûts en martelant et en réparant les douelles, toute une série d’artisans et des métiers du commerce, négociants, clients, marchands, courtiers, etc…


Les amateurs de bonne chair connaissent « l’entrecôte Bercy », cette spécialité parisienne tient son nom de ce quartier où les négociations et ventes se concluent autour d’un bon repas, bien arrosé.

Ce plat se compose d’une entrecôte grillée, au feu de bois issu des tonneaux usagés.

Rien ne se perd, tout se recycle.

La viande est parsemée de quelques feuilles de persil et accompagnée de cresson importé de l’Essonne au sud de Paris.

Une sauce au vin blanc agrémentée d’échalotes relève le goût et le citron amène une petite pointe d’acidité.

À l’origine, le cuisinier utilisait la viande chevaline, cette tradition s’est peu à peu perdue pour laisser place à la viande de boeuf.


Savez-vous ce que sont les tirés-bouchées ?

Eh bien, ce sont des bouteilles remplies de vin, mais sans étiquette.

Elles attendent d’être étiquetées en vue d’être mises sur le marché pour leur vente future.

Longtemps après l’abandon du quartier de Bercy, fin des années 70 et début des années 80, avant la phase des grands travaux, on pouvait encore se promener dans ce quartier au milieu de ces immenses entrepôts et y trouver des quantités incroyables de ces bouteilles stockées, en attente … malheureusement le breuvage qu’elles renfermaient n’était plus consommable!