L'histoire des catacombes de Paris

photo des catacombes de Paris



Les catacombes de Paris, ce lieu mystérieux, devenu connu et insolite par son exploitation en tant qu’ossuaire, est le témoin majeur de l’histoire des formations géologiques de tout le bassin parisien.

Cette balade à plus de 20 mètres de profondeur dans les entrailles du sous-sol parisien, nous entraine sous le métro parisien dans un dédale de souterrains creusés, sur 11 000 m2, dans des calcaires tertiaires du Lutécien datés de 45 millions d’années env.

Des conditions de visites particulières

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Descendre dans les entrailles de Paris, sous le métro, les égouts et autres réseaux signifie que l’on va tout d’abord emprunter à la descente un escalier de 130 marches pour arpenter ensuite 1,7 kms de galeries souterraines aux voutes qui plafonnent à 1,80 m et à la température stable de 14°C.

Ensuite, il faudra remonter 112 marches pour s’extraire vers la sortie.

L’ensemble est ponctué de murs et compositions d’ossements humains, et ce sont environ 800m d’ossements empilés qui constituent presque la moitié de la visite.

Ces conditions impliquent que l’on s’équipe en conséquence et que l’on soit préparé à cette confrontation « macabre ».

50 à 40 millions d’années, à l’origine la mer et les coquillages

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Ces galeries sont creusées dans une roche calcaire tertiaire du Lutécien datée de 45 millions d’années env.

Cette roche est le résultat de la sédimentation de couches accumulées où on peut observer de nombreux coquillages fossilisés de toutes tailles et formes, témoins de l’occupation des lieux par la mer.

Dès l’entrée, vous trouverez quelques informations présentées sur la géologie qui va ensuite expliquer les conditions d’exploitation en carrières.

L’occupation humaine et l’exploitation intensive des ressources dès l’Antiquité jusqu’au 18e siècle

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Ce calcaire s’est avéré être sous ces différentes formes de matériaux, idéal pour bien de multiples exploitations, du nord au sud et des bords de Seine aux points culminants (Buttes de Belleville, Chaumont, Montmartre).

Il est exploité comme pierres calcaires, dans la fabrication de matériaux de construction comme les briques, tuiles, carreaux, les liants, le plâtre, etc., et pour fabriquer des objets en verre.

Il a servi à réaliser la décoration des murs et plafonds en stuc des belles moulures des appartements haussmanniens si recherchés aujourd’hui pour ce style d’ornementations.

Lutèce, la première grande phase de construction dès l’Antiquité.


La cité de Lutèce, à l’époque gallo-romaine, voit s’ériger à l’aide de la pierre calcaire locale, les Thermes de Cluny ou les « arènes de Lutèce » notamment.

Certains de ces blocs de pierre seront retrouvés massivement plus tard en remploi dans différents monuments de la cité, comme par exemple, le rempart.

L’exploitation est alors organisée à ciel ouvert.

Au Moyen Âge, nouvelle phase d’exploitation

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Au 12e et 13e siècle, la population se densifie dans la cité.

Cela va avoir pour conséquences une extension de la cité par la construction de nombreux édifices tels que Notre-Dame de Paris, le château primitif du Louvre sous Philippe-Auguste et son enceinte.

Le type de calcaire extrait localement constitue une pierre d’une homogénéité exceptionnelle dans sa composition qui permet une utilisation de pose à la verticale avec des pièces lapidaire qui peuvent atteindre 4 mètres de long.

Ses propriétés de résistance à l’effritement et la casse en fond donc un matériau remarquable.

Ainsi, ces grands travaux imposent l’intensification de l’exploitation des carrières de calcaire en souterrain et en dehors de la cité.

En effet, la carrière se fait souterraine pour préserver les terrains de surface dans l’emprise de la cité, mais aussi dans les bourgs avoisinants.

La population de plus en plus nombreuse génère de gros besoins en matière d’alimentation aussi les terres doivent-elles être réservées au maraichage et la culture de céréales.

Au 18e siècle, cessation de l’exploitation des carrières

Ce sont quelque 300 kms qui sont creusés dans la roche calcaire du sous-sol parisien et qui correspondent au dixième de la surface de la ville sous Louis XV.

Il faudra plusieurs accidents majeurs dont par exemple un effondrement de 25 m de profondeur sur 300 m de long (actuelle avec Denfert-Rochereau, ex route d’Orléans) en 1774 pour qu’une consolidation soit envisagée.

Et en 1777, l’IGC (Inspection Générale des Carrières) règlemente, surveille, modifie les tracés et construit un nouveau réseau de galeries dit de « service » et souterrain qui suit les rues.

En parallèle, les plaques des noms des rues parisiennes y sont apposées pour mieux s’y localiser.

Au 19e siècle, la culture des «Champignons de Paris »

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L’exploitation de certaines zones souterraines dans le sous-sol de Paris et de sa proche banlieue est dictée par un besoin de cultiver le champignon mis à la mode sous Louis XIV.

En 1875, ces champignonnières vont se développer jusqu’à produire 1000 tonnes de champignons par jour.

Mais l’urbanisation et la construction du métro en 1895 ainsi que l’industrialisation vont chasser la culture du champignon et ses 300 producteurs vont peu à peu disparaitre.

En 2018, ce ne sont plus que 6 producteurs qui tentent de faire face à la concurrence des Pays-Bas, de la Pologne et de la Chine ! Mais ce qui distingue, leur petite production, c’est la grande qualité de leur appellation « Champignons de Paris ».

Ils cultivent les champignons de façon traditionnelle sur une couche de sédiment à dominante calcaire alors que la concurrence cultive sur une couche de tourbe.

Le résultat est incomparable !

L’extraction de matériaux a fragilisé des zones entières, encore aujourd’hui certains secteurs de la capitale et des communes limitrophes sont dangereusement instables.

Mais rassurez-vous, les catacombes de Paris sont parfaitement sécurisées, votre visite sera labyrinthique, mais pas sismique ! D’ailleurs, tout est prévu, une ligne noire marquée au sol permet de suivre son chemin de visite sereinement même si l’on s’y promène seul !

Des sculptures parmi les ossuaires

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Un dénommé Décure, ancien soldat des armées de Louis XVI employé comme carrier dans les catacombes réalise un ensemble de sculptures dès 1777.

Les thèmes représentés évoquent des lieux où il a séjourné en tant que soldat comme les forteresses de Port-Mahon aux Baléares ou Port Philippe.

Ces œuvres montrent une grande minutie et un certain souci du détail.

Il décore également le sol à l’aide de silex noirs.

En 1782, alors qu’il tente de construire un escalier pour permettre l’accès direct à ses œuvres depuis la partie supérieure de la carrière, un éboulement se produit et l’ensevelit.

De l’ossuaire au parcours muséal

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En 1785, La première évacuation d’un cimetière, débute par celui des Innocents (quartier des Halles) alors le plus grand cimetière parisien est prononcé par le Conseil d’Etat saisi après des incidents qui montrent sa surexploitation et son insalubrité.

En remplacement, il est décidé que les carrières abandonnées servent dorénavant à déposer les ossements soigneusement ordonnés.

Les transferts successifs durent plusieurs mois puis l’inauguration et la consécration sont prononcées le 7 avril 1786.

Le terme « Catacombes » correspond uniquement à l’ossuaire, il s’agit d’un emprunt aux mythiques catacombes romaines.

Leur organisation s’apparente à celles d’époque médiévale, où l’ouvrier peut composer à sa guise et enrichir les lieux de multiples décors.

La technique utilisée dans les carrières indique l’usage de hagues et de bourrages où une sorte de parement est constituée d’une alternance et superposition de crânes et d’os longs bien organisés, qui cache et retient des quantités d’amats osseux.

Quelques célébrités y sont exhumées, parmi lesquelles …

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Des écrivains : François Rabelais (1494-1553), Jean de la Fontaine(1621-1695) et Charles Perrault (1628-1703) ; un sculpteur François Girardon (1628-1715) ; un peintre Simon Vouet (1590-1645); quelques architectes Salomon de Brosse (1471-1626) , Claude Perrault (1613-1688) et Jules Hardouin-Mansart (1646-1708).

Au moment de la Révolution, quelques illustres figures de la Révolution guillotinées vont être transférées comme Danton (1759-1794), Robespierre (1758-1794), Antoine Laurent Lavoisier (1743-1794), le couple Desmoulins (Lucie, 1770-1794) et (Camille, 1760-1794), etc.

Les aménagements de la première moitié du XIXe siècle :

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En 1809, alors que les grands cimetières limitrophes de Paris sont créés, Louis-Etienne François Héricart de Thury, directeur de l’IGC décide de proposer une sorte de musée où les visiteurs, déambulent encadrés par une mise en scène spectaculaire et monumentale composée d’ossements.

Ceux-ci sont ordonnés dans un but décoratif sur la base d’alignements, d’alternances, et sont agrémentés d’éléments architecturaux comme des piliers doriques, des autels.

Les plaques gravées portent des textes parfois poétiques ou sentencieux comme « Arrête, c’est ici l’empire de la mort » ou bien un nom attribué à un espace spécifique de l’ossuaire inspiré de l’Antiquité voire de la littérature (Memento, Grand Sacellum des Obélisques, etc.).

Le saviez-vous ?

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De nombreux vols d’ossements se produisent malgré l’installation de caméras de surveillance.

Jusque dans les années 1970, une messe était célébrée lors de la fête des morts, tous les 2 novembre.

En dehors de ce lieu au parcours défini et cadré, il existe un réseau étendu souterrain qui fait l’objet d’explorations clandestines, de pratiques hors la loi et d’une vie nocturne underground.

Il s’y déroule des soirées, des balades nocturnes, sur des lieux de légendes « la plage, « la salle du château », etc.

Les cataphiles sont les personnes qui pratiquent dans ce cadre.

Entre les pratiques sataniques, les supposées soirées des françs maçons, les groupes de musiciens ou les cinéphiles qui s’y retrouvent.

on y a également découvert quelques animaux inattendus.

En 1896 des centaines d’os de chats sont stockés à proximité des souterrains du théâtre de l’Odéon, l’affaire est révélée alors que l’on découvre qu’un célèbre restaurant où l’on vient déguster des gibelottes de lapin vidait vraisemblablement ses déchets ni vu ni connu …le goût de la viande de chat est parait-il très proche de celle du lapin !

Chaque année, les sauveteurs (pompiers et spéléologues) mènent deux ou trois interventions de sauvetage pour secourir des fêtards égarés ou blessés.